Le Label Constellation Records
Il y a label indépendant et label indépendant.
Il y a ceux qui vivotent et espèrent vendre 1000 albums par an. Ceux là font de la folk et sont déprimés. Prenons l'exemple régional du Kütu Folk. Alexandre Rochon (le fondateur) vit avec 3€ par mois et se contente d'amour et d'eau fraîche (et aussi de donner des cours de droit, mais c'est une autre histoire). Fiers de leur indépendance. Et puis de toute façon la qualité, viendra plus tard... avec le temps... On pourrait les définir avec ce vers de Bertrand Cantat "et on s'embrasse quand même et puis on a raison"
Et il y a les combatifs. Ceux qui profitent de chaque cd pour attaquer le système capitaliste. Un combat de tous les instants pour des labels qui utilisent la musique pour faire évoluer et transmettre leurs idéaux politiques. Je suppose qu'il est inutile de préciser que ces labels sont rarement de "droite".
Mile End, le quartier populaire de Montréal où s'est établi Constellation |
Longtemps Constellation travailla directement avec les disquaires en évitant toujours les intermédiaires. Mais depuis 2004, il est maintenant possible de trouver des cds labelisés Constellation sur amazon. Ils ont vendu peut être leurs âmes au diable, mais ils vont fêter leurs 15 ans cette année. Et un label indépendant qui atteint cet âge, c'est magnifique.
C'est qu'il a fallu se faire un nom.A Montreal c'était gagné. Mais au niveau national, continental et enfin mondial, ce n'était pas fait. Et ouais, parce que lorsqu'on parle de la musique canadienne on ne pense pas forcément à la scène post rock québécoise de la fin des années 90 et 2000. Il y a d'abord Neil Young, Leonard Cohen puis désormais Arcade Fire, et la tripotée d'indépendants canadiens anglophones (Broken Social Scene, The Unicorns, Islands, Patrick Watson parmi tant d'autres).
Quelques Groupes. Et puis s'ils ont atteint cet âge canonique, vous pouvez me croire, ce n'est pas grâce à leur chiffre d'affaire. Constellation n'a pas fait signer beaucoup de groupes et c'est également là où réside leur force. Les groupes qu'ils font signer aiment bien cotoyer le club très select des "meilleurs groupes du monde". En effet, citons quelques noms:
Stuart Stapple, leader de Tindersticks |
Si le Québec se place en tête des régions du post rock (de peu devant l'arc islandais-danois-norvégien, et la scène indépendante de Chicago) Constellation y est pour beaucoup. Il y a d'abord, dès 1997, le monstrueux collectif Godspeed You! Black Emperor (par contre c'est lourd à écrire). Le genre de groupe formé par quelques chômeurs et des feignasses de gauchistes qui a totalement révolutionné l'approche de la musique moderne, par sa création et son éxécution. Dire qu'il y a eu un avant et un après Godspeed dans le monde du rock ne serait absolument pas exagérer. Les titres "Like Antennas to Heaven" ou "the dead Flag Blues" devraient assez aisément vous convaincre.
Mais passons, passons... Dans le post Rock il y a aussi eu A Silver Mt. Zion. Un groupe prolifique de Post rock, c'est rare, et d'excellente facture, c'est introuvable. A Silver Mt. Zion pourrait être un orchestre dirigé par le Max Richter de la grande époque (les années 2004-2006 avec "The Blue Notebooks").
Moya, guitariste de Godspeed! en premier plan |
N'oublions pas les autres signatures de Vic Chesnutt (paix à son âme) ou encore Do make Say Think (dont je conseille le très bon "you, you're history in rust")
Une autre musique. Alter, Autogestionnaire, libertaire. voila ce qui doit ressortir à travers la très souvent instrumentale musique de Constellation. L'émotion au service du son.
Première parution dans "Vaste programme" janvier/février 2012
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